Tant que l'on prendra le temps,
d'imaginer, de regarder, de toucher,
Tant qu'il n'y aura rien de négligé,
ni dans les gestes, ni dans les mots,
Tant qu'il y aura des doutes,
sur les postures, les situations,
Le manque d'assurance nous pousse au meilleur de nous même,
Il ne faudra jurer de rien sauf de l'instant,
Tant que la moindre allusion, le moindre mot de l'autre sera disséquer
Pour n'en conclure rien, sinon un frêle soupçon,
Tant que l'on portera pour l'autre une plus haute idée que de nous même,
Rien ne nous fera faillir, jamais persuadés mais convaincus du mieux à faire,
Tant qu'il y aura des joies, des partages et des jeux,
Alors tout garde sens et rien d'autre ne nous est permis que de s'aimer,
On avait construit lentement, prudemment,
la bulle qui nous servirait de refuge.
Un asile de douceur, de plaisir et de partage.
En raison, en risque mesuré,
nous avons progressé pas à pas
sur ce chemin envoûtant et interdit.
Le but était de créer un monde à nous,
à la rencontre improbable de nos deux univers.
Un lieu artificiel, créé pour deux,
reculé du tumulte et des vilenies humaines.
Sans emportements ni fougues déplacées,
notre espace escamoté a peut être un peu pris le pas
sur notre vision du monde.
D'un accessoire futile, il devint principal.
Obsédant, nourrissant, il nous devint vital.
Comment se sentir encore protégé par un secret
qui n'est plus seulement partagé à deux ?